Ce soir-là, le Père Noël ne chaumait pas. Il avait tant de cadeaux à livrer ! Beaucoup avaient déjà été disposés aux pieds des sapins lorsqu’il aborda un nouvel immeuble où vivaient des enfants sages. Il s’apprêtait à se poser sur son toit lorsque les rennes se cabrèrent.
- Comète, que se passe-t-il ?
- Père Noël, nous ne pouvons pas atterrir ici, le toit est hérissé d’antennes de télévision.
Comme il avait plus d’un tour dans sa hotte, le vieux barbu ne se laissa pas démonter. Il regarda tout autour de lui en quête d’une solution. Au dessous du traîneau, il repéra un peu de place sur la chaussée.
- Installons-nous sur le sol, entre ces deux voitures.
- Et comment comptez-vous entrer chez tous ces enfants ?
- Facile : j’escaladerai la gouttière pour passer par la cheminée.
- Toutes ces acrobaties ne sont plus de votre âge, ce n’est pas raisonnable.
- Ne t’inquiète pas, attends-moi ici avec les autres, je n’en n’ai pas pour longtemps.
Les rennes volants posèrent le traîneau en douceur et le garèrent entre deux voitures puis le Père Noël fit ce qu’il avait dit. Content d’avoir pu offrir de beaux jouets aux bambins qui le méritaient, il redescendit du toit en sifflotant joyeusement. Il s’arrêta net en constatant que son traîneau avait disparu, tout comme les voitures entre lesquelles il était stationné. Il appela ses rennes, mais aucun ne répondit. En fouillant les environs, il les trouva sans le traîneau. C’est alors qu’une dame approcha et commença à se lamenter.
- Ma voiture a disparu !
- Ha bon ? Moi c’est mon traîneau qui a pris la poudre d’escampette !
- Misère ! J’étais mal garée, la fourrière a dû emporter mon auto !
- Et vous croyez que cette infâme créature a emporté mon traîneau ?
- S’il était garé là, à côté de ma voiture, c’est fort possible.
- Comment puis-je le récupérer ? Tant d’enfants seront tristes si je ne termine pas ma tournée !
- Il faut aller à la fourrière récupérer ce qui nous appartient. Mais c’est loin, comment nous y rendre sans voiture ?
- Pas de problème, si vous connaissez le chemin, on peut y aller avec mes rennes.
Pas très rassurée, la femme monta sur le plus calme des cervidés et le Père Noël sur le plus costaud. Il donna ensuite l’ordre du départ.
- Mes amis, allons là où cette charmante dame nous le dira pour reprendre ce qui nous a été dérobé.
Une fois sa peur passée, l’automobiliste profita du voyage pour admirer la ville. Vue d’en haut, avec toutes ses lumières de Noël, elle était si belle. Nos voyageurs se posèrent enfin devant l’entrée de la fourrière dont un employé refermait la grande porte.
- Bonsoir Monsieur, je viens chercher ma voiture.
- Et moi mon traîneau.
- Trop tard, c’est fermé. Revenez dans deux jours.
- Mais ce n’est pas possible, il faut que je fasse la distribution des cadeaux !
- Le règlement, c’est le règlement, je ne peux pas vous ouvrir. C’est comme ça, un point c’est tout. Au revoir.
L’homme fourra son trousseau de clés dans sa poche et s’éloigna prestement.
- Quel grossier personnage !
- Ce n’est pas grave. Venez avec moi Madame, nous allons nous débrouiller sans lui.
Ils remontèrent sur les rennes et, en survolant la fourrière, ne tardèrent pas à trouver la voiturette et le traîneau. Heureusement, le véhicule de la dame était suffisamment petit et léger pour que les rennes puissent le transporter par-dessus la clôture. Elle remercia chaleureusement le Père Noël et déposa sur sa grosse joue un baiser moelleux. Pour la récompenser de son aide précieuse, il lui offrit un tout petit présent, joliment emballé avec un papier rouge et un long ruban doré.
- Chère amie, je vous souhaite un joyeux Noël. Maintenant, excusez-moi, mais je dois filer. Au revoir !
Dans un nuage de neige et un tintement de clochettes, le traîneau s’envola.
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